Sculpture


 "Le premier temps de la création est invisible.
Seul le créateur y accède. Comme une mère porte son enfant, il laisse grandir en lui son oeuvre. Elle mûrit à la source de son imagination et au soleil de son amour. La passion se fait si pressante pour ce qui n'est encore qu'une image invisible qu'elle consume d'un feu intérieur celui qu'elle habite. L'heure de la délivrance approche. L'artiste trouvera la paix lorsqu'il donnera à voir ce que lui seul contemplait dans l'inaccessible atelier de son intimité créatrice. Réalisant son oeuvre, il la libère et se libère.
Il n'y a pas d'amour sans création, et pas de création sans amour."
...Père Di Falco.



A la base, juste une motte de terre, quelques outils (ébauchoirs, mirettes, aiguilles...) et de l'eau. Mais au delà... La terre, noble et tolérante si douce sous mes doigts... 
Juste la terre et moi, pour un long moment de magie, bercé de musique sacrée.. 
Je me connecte avec l'Outre-Monde, et j'invite l'esprit-fée qui le souhaite à prendre forme sous mes doigts. Si un lutin ou une fée se cache dans ce bloc, il en sortira à force de caresses et de passion ;)

J'entre alors dans phase de modelage pur... 
Parfois, j'ai en tête une image exacte de la position recherchée et c'est un défi de donner corps à la créature qui me hante. Mais je préfère la magie de l'inconnu. Je pose mes doigts sur la terre, les laisse la caresser et la créature qui voit le jour sera pétrie de magie.
La terre est déformée, poussée, étirée... J'ébauche la silhouette, en répartissant la matière selon la position souhaitée, les membres et le détail des vêtements. Quel que soit l'angle de vue, la créature devra inspiré la même impression, le même mouvement.

Très vite,  si elle le veut bien, j'essaie de lui donner un regard. C'est comme lui insuffler la vie. Va-t-elle me sourire, me fuir, me résister.. se laisser caresser et sourire plus encore...? C'est ainsi que le visage se dessine et se remplit d'expressions, qui feront toute sa personnalité. 

Pour faciliter le travail et éviter de maltraiter la créature encore fragile, je la travaille sur une tournette et me régale de la faire tournoyer pour saisir le mouvement sous tous les angles. Une vraie gamine..! 

Puis je la couvre, je m'éloigne, je laisse aux fées le temps silencieux de peaufiner leur oeuvre... Et quand je la redécouvre, le lendemain, quelques jours plus tard, alors à chaque fois elle me plait, différente et pourtant bien elle. Magique !


Comme la terre l'exige, il suit une longue  période de séchage en douceur, suivie de 8 heures de cuisson, dans un four à céramique à environ 920°. Quelques heures de peinture plus tard, la créature est terminée.



Même si elles naissent sous mes doigts, je reste toujours étonnée par ces êtres de terre.. et remercie milles fois les fées, pour leur inspiration et leur silencieuse présence en mon coeur. ;)